La covid 19 en garderie, 1 an après

La covid 19 en garderie, 1 an après

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Il y a plus d'1 an, nous avons commencé à vivre et travailler en fonction du virus. Dans les garderies, nous avons dû appliquer des règles sanitaires strictes ou assouplis selon les phases dans laquelle nous étions. Cela a changé notre façon de travailler et notre façon d’accueillir les enfants et leur famille. C'est en parlant avec une collègue éducatrice du Québec, que je me suis rendu compte que nous n’avions pas les mêmes mesures de restrictions en garderie lié à la pandémie au Québec et au Nouveau- Brunswick.

garderie masque

Sommaire

Les restrictions selon les phases

Pour les familles

Voici les mesures prises en garderie suite aux directives de la province du Nouveau- Brunswick. 

Phase jaune:

  • Un seul parent peut entrer dans la garderie et que l’un des parents
  • Lavage des mains parents / enfants à l’entrée
  • Questionnaire fourni par la province à remplir et signé chaque Lundi
  • Le parent doit prendre la température de l’enfant chaque matin et nous la reporter
  • Prise de température de chaque enfant en fin de journée et la consigner
  • Si 2 symptômes, l’enfant ne peut pas fréquenter la garderie et doit subir un test Covid. 
  • Limiter les accès et le temps des parents dans garderie pour éviter que les familles se croisent
  • Port du masque pour parents et pour les enfants de plus de 2 ans le temps de rejoindre leur classe

Phase orange

  • Aucun parent ne rentre dans garderie
  • Port masque dans les zones communes pour les enfants de plus de 2 ans, le temps du vestiaire, couloir par exemple.
  • Si présence de 2 symptômes (nez qui coule, toux, fatigue, difficulté à respirer…) , on reste à la maison et on se fait tester avant de revenir à la garderie.

Phase rouge 

  • Mars 2020, les garderies étaient fermés
  • Février 2021, les garderies et écoles restent ouvertes, mais on applique la règle du 1 seul symptôme pour exclure un enfant et se faire tester
  • Si un enfant/éducatrice a 1 symptôme, il doit rester à la maison et se faire tester avant de pouvoir revenir à la garderie.
lavage des mains en garderie

Pour le personnel

  • Toute phase: pas de brassage de personnel, chacun reste dans son groupe et ne peut pas remplacer dans un autre groupe
  • Pas de mélange des groupes
  • Taille maximum d'un groupe: 15 enfants
  • Désinfection quotidienne des jouets utilisés et des surfaces
  • Interdiction d’utiliser des jouets dont la désinfection est difficile (peluches, costumes, pâte à modeler, casse-tête). Ces jouets doivent être ranger.
  • A la sieste, les enfants doivent placé en alternance tête/pied 

En faisant cette liste je me rends compte des contraintes qui nous sont imposés. Pourtant, cela fait maintenant 1 an que l’on travaille ainsi et je dois dire que l’on a maintenant pris une certaine routine, ça fait partie de notre quotidien, même si c’est triste à dire.

Le jeu pendant la pandémie

 Au début de la pandémie , nous avons reçu à la garderie des consignes concernant les restrictions sur l'utilisation de certains jeux. Nous allons devoir retirer certains jouets, ceux qui sont difficilement lavables, et ceux en tissus pouvant imprégner la salive.

En effet, même si ces mesures semblent très lourdes, on s’adapte et on adapte nos activités en fonction des règles d’hygiène à respecter.

Les jouets difficilement lavables au quotidien comme les peluches, les vêtements de poupées, ainsi que les déguisements sont rangés. 

Les casse-têtes (puzzles) doivent être ranger, car ils sont en bois et donc difficile à désinfecter. Cela concerne aussi ce qui est en tissu et qui pourrait imprégner la salive : les peluches, les costumes. Les bacs sensoriels en groupe sont interdits : pâte à modeler, bac de riz…

Comment continuer à proposer des activités en tenant compte des mesures d’hygiènes?

Nous savons que les bacs sensoriels sont très appréciés des enfants. Lorsque l’on utilise le bac de riz ou de semoule, certains enfants pourraient y passer des heures! Je trouve mis à par le côté sensoriel que celui-ci a un côté apaisant pour l’enfant. Je les propose en temps normal assez fréquemment à mon groupe.

Puisque les enfants ne peuvent pas utiliser des bacs sensoriels afin d’éviter toutes contaminations, nous décidés avec ma collègue de continuer cette activité mais en faisant des bacs individuels. Chaque enfant a un bac nominatif avec des ustensiles à l’intérieur pour remplir, vider et transvaser et s'amuser! Nous y avons placé des cuillères à mesurer, des petites cuillères, des pots, des verres, des entonnoirs.

Même chose pour la pâte à modeler, celle-ci étant interdite car impossible à désinfecter, chaque enfant a un petit de pot de pâte à modeler à lui de couleurs différentes, pour éviter les mélanges (y inscrire le nom de l’enfant). Les différents outils et ustensiles de découpes seront désinfectés à haute température à la fin de l’activité.

pâte à modeler et bac de manipulation

Comme les groupes ne se mélangent pas, nous utilisons le parc extérieur en alternance, chaque groupe à un horaire afin que chaque groupe profite d’un temps de jeux dehors, tel que préconisé par le ministère de la petite enfance.

Qu’est-ce que la pandémie a changé?

Moins de contacts

Comme l’on doit restreindre les contacts avec les autres groupes, les enfants sont seulement en contact avec des enfants du même groupe d’âge. La taille maximum d’un groupe est de 15 enfants. Il nous est donc impossible d’aller partager un temps de lecture ou de faire une autre activité commune avec un autre groupe.

A l’extérieur, dans le parc de la garderie, même consigne, on ne peut pas se mélanger. On doit donc limiter le temps de jeux des enfants pour pouvoir y aller à tour de rôle. Dans ma garderie, nous avons la chance d’avoir 2 parcs, un pour les moins de 24 mois et un pour les 2 ans et plus.

Le temps d’accueil un temps de contact et d’échanges privilégier entre les parents et les éducatrices. Il va du suivi, au progrès de l’enfant, en passant par les difficultés rencontrées par le parent. Depuis que les parents ne peuvent plus entrer dans la garderie, les éducatrices n’ont plus vraiment de contact avec les parents ou alors très brièvement. Le matin, l’accueil est bref et rapide car nous allons chercher l’enfant à l’entrée, à l'extérieur. Parfois, c'est une autre éducatrice qui a fait entrer l'enfant. En hiver, vous imaginez que l'on ne peut pas faire patienter les enfants dehors. Nous prenons donc les informations essentielles, notamment celle sur la santé et le sommeil. Le soir, nous amenons également l’enfant à la porte et les parents attendent chacun leur tour, difficile donc d’entamer des transmissions ou une conversation concernant l’enfant. Malgré tout cela, les parents restent vraiment très coopératifs et compréhensifs.

Bien évidemment, ces restrictions s’appliquent également aux membres du personnel. Lors de la pause repas, la distance de 2 mètres doit être respectée. Celles qui travaillent à l’étage ne croisent plus celles du rez-de-chaussée. Les interactions et échanges deviennent donc inexistants. On en oublierait presque qu’il y a d’autres classes ( d'autres sections). L’effet principal que je ressens, c’est qu’il y a moins d’entraide entre les collègues. Nous ne pouvons pas entrer dans les autres classes même pour aider, sauf si c’est une urgence. Notre travail devient donc très individuel par la force des choses et par habitude.

famille en garderie masqués

Plus de travail 

La pandémie, nous a amené une surcharge de travail. On pense tous bien sur à la désinfection des jouets, à grande échelle, parfois 2 fois par jour. Les jouets qui ont été portés à la bouche d'un enfant doivent être immédiatement retiré et placé dans un bac de jouet sale. Les. jouets seront lavés pendant la journée. A la désinfection des surfaces et de toutes les surfaces qui ont pu être touchées fréquemment ( poignées, interrupteurs, meubles, boites...). Cela prend une grande partie de notre temps et de notre attention. De plus, nous remplissons quotidiennement un document de présence pour la classe ainsi qu'une feuille de ménage détaillé.

Nous faisons une plus grande amplitude horaire du fait que l'on est obligé de respecter les groupes et de ne pas se mélanger. En temps normal, les éducatrices arrivent une par une le matin et les enfants sont accueillis ensemble puis repartis dans leur classe. Désormais, une éducatrice accueille seulement les enfants de son groupe. Dès l'ouverture, nous sommes donc 6 éducatrices au rez-de-chaussée!

Comme les parents ne rentrent plus dans la garderie, nous devons nous-mêmes déshabiller les enfants à leur arrivée et les habiller en fin de journée pour le départ. Sans oublier que nous sommes au Canada et qu'en période d'hiver, la tenue est très complète et que cela prend beaucoup de temps d'habiller un seul enfant.

Une hausse de salaire 

A la suite de cette pandémie, la province s'est rendu compte que les garderies étaient des services essentiels. En effet, elle permet aux travailleurs essentiels (épicerie, GRC, milieu hospitalier, laboratoire, livraison...) de continuer à travailler en période pandémie, sans le soutien des garderies, ce serait impossible de maintenir ces services à la population. La province du Nouveau-Brunswick a décidé d'augmenter la subvention qu'il offre aux employeurs afin d'augmenter les salaires des travailleurs en garderies. Les salaires ont étés augmenté de 1$ de l'heure soit une hausse de 80$ pour 2 semaines de travail.

Le port du masque 

Les enfants ne portent pas de masque sauf lorsqu’ils sont les parties communes comme les couloirs, le vestiaire (pour les 2 ans et plus). Le personnel a dû s’adapter et accepter de porter un masque dans les parties communes également. Dans notre classe, pas de masque sauf pendant la phase rouge.

Je trouve cela assez compliquait pour les plus jeunes qui ont du mal à nous comprendre. En effet, les plus jeunes se fient beaucoup à la communication non verbale, ils observent les réactions de notre visage et analysent le ton de notre voix. Avec le masque, la moitié de notre visage est non visible et on remarque que certains enfants ont du mal à reconnaitre notre émotion. Parfois, on doit baisser notre masque pour obtenir un sourire réponse car pour l’enfant, difficile de reconnaitre notre sourire en voyant seulement nos yeux.

Certaines activités comme la lecture ou les comptines sont difficiles, on se sent vite étouffés et fatigués, comme si l'on respirait dans un sac. Lors des chansons, on peut faire une autre voix, ou avoir des expressions du visage plus exagéré, mais avec le masque, les enfants ne les voient pas. Je suis obligé de baisser mon masque pour les chansons sinon je remarque que les enfants sont moins attentifs et participent moins que d'habitude. 

Les enfants qui commencent à parler, on rapidement apprit à dire le mot « masque ». Ils l’entendent beaucoup dans la bouche de leur parent et de leur fratrie, donc ce mot fait désormais partie de leur quotidien.

En France, les masques inclusifs ont fait leurs apparitions, au Canada, il viennent à peine d'arriver et ne sont pas encore disponibles partout.

On espère tous, que la situation revienne à la normale rapidement, car toutes ces mesures ont bien sûr un impact sur nos relations et sur le développement des enfants. Il me semble que cette pandémie marquera à jamais notre profession et que certaines des mesures prises pendant la pandémie soient maintenus après la vaccination. Une chose est sûre, notre profession fait partie des professions essentielles!